Phénomène de plus en plus répandu dans le domaine du recrutement, le ghosting ou littéralement, le fait de disparaître, de ne pas se présenter à un rendez-vous et de ne plus donner de nouvelles plonge les chasseurs de tête et les entreprises qui recrutent dans un certain désarroi.
Signal d’alerte d’une société toujours plus consumériste, volatile et opportuniste, le ghosting interpelle les professionnels des ressources humaines et les managers qui subissent cette attitude désinvolte et se sentent totalement démunis. Pratique détournée des sites de rencontre, le ghosting s’affranchit de la sphère du privé pour s’immiscer dans la sphère professionnelle.
Un comportement amplifié par la crise de la Covid-19
« Le ghosting a toujours existé, précédemment nous utilisions plutôt le terme « no show » quand un candidat ne se présentait pas à un rendez-vous », déclare Alain Jacob, Directeur d’AJ Conseil.
« Il s’est clairement amplifié depuis ces derniers mois avec une tendance d’annulation du rendez-vous, non plus à J-n jour, mais à à H-1 heure, en général par SMS. », ajoute t-il.
Dans cette situation, AJ Conseil demande toujours au candidat concerné s’il souhaite repositionner le rendez-vous. Dans 9 cas sur 10, le cabinet n’obtient aucune réponse, ce qui confirme que le candidat l’a bien délibérément ghosté.
Des candidats en réflexion ou en manque de repères ?
Comment comprendre l’extension du phénomène ?
- Un ultime échange avec le conjoint ou des amis qui dissuade le candidat de persévérer dans sa démarche ?
- Une nouvelle estimation du rapport/risque de quitter son emploi et des avantages du futur emploi ?
- L’absence de réponse à une question que l’équipe d’AJ Conseil entend désormais fréquemment : « mais qu’est-ce que cela m’apporte, à moi ? »
- Une offre d’emploi plus attractive qui se concrétise en dernière minute ?
- La peur de s’engager dans un projet professionnel dans lequel le candidat ne se projette pas ou plus ?
Autant d’hypothèses qui traduisent un problème sociétal de fond généré par l’effacement des repères ou des valeurs, le manque d’éducation et de savoir-vivre, le non-respect de la parole donnée, l’individualisme.
Quelle réponse apporter au ghosting ?
« La réponse n’est pas évidente car le ghosting ne s’exerce pas seulement à notre égard mais aussi à l’égard de notre client, futur employeur du candidat alors qu’une promesse d’embauche est signée et que toutes les demandes du candidat sont satisfaites, nous le vivons régulièrement », déclare Alain Jacob.
Donner du sens à la candidature, à un parcours professionnel, à une aspiration est nécessaire et doit être évoqué lors d’un entretien d’embauche. Sonder au mieux le candidat et déterminer son mode de fonctionnement et ses valeurs sont des priorités pour éviter au maximum une déception.
L’idéal serait aussi que les personnes en charge de recrutement adoptent une attitude exemplaire vis-à-vis des candidats en répondant systématiquement à leur candidature, qu’elle soit pertinente ou pas, en les accompagnant tout au long du processus du recrutement et en respectant leurs promesses.
« Il nous arrive fréquemment de rencontrer des candidats qui ne souhaitent plus poursuivre le parcours d’intégration car l’entreprise ne concrétise pas son engagement concernant la part du variable dans la rémunération ou laisse planer des incertitudes sur son montant, par exemple», conclut Alain Jacob.